jeudi 18 mars 2010

A propos de jardin masculin ou féminin

J'ai beaucoup aimé l'article de Bruno de Rosnay, d'autant plus qu'il offre matière à discussion.
D'abord, je pense qu'il faudrait bien définir ce qu'on entend par "masculin" ou "féminin", car personne n'est uniquement l'un ou l'autre : nous avons tous nos parts d'"animus" et "anima" (il n'y a pas que les plantes qui ont droit au latin...). Nous voyons donc très rarement un jardin totalement animus ou anima, fort heureusement car nous y serions peu à l'aise.
Je ne crois pas qu'on puisse se baser uniquement sur les couleurs pour définir un jardin comme masculin ou féminin comme dans l'article proposé par Bruno.
- Par exemple : pourquoi le blanc serait-il l'apanage des femmes ? La "pureté" est réservée aux femmes ? Ces pauvres femmes tellement pécheresses depuis Eve, elle qui ont été partout décriées comme bien moins pures que les hommes (sauf les mères de ceux-ci...). Et les hommes, pourquoi n'auraient-ils pas envie de mettre un peu de la dite pureté dans leurs jardins ? D'autant que nous savons tous qu'il y faut un peu de blanc pour "faire chanter les couleurs".
- autre exemple : pourquoi le rose serait-il "signe de nativité" ? En remontant historiquement très loin, la Vierge Marie a été très tôt représentée vêtue de bleu, parfois de rouge, jamais de rose, dans la crèche au moment de la nativité, et plus tard. Et actuellement, le seul rose présent aux naissances de nos enfants, c'est celui dont nous habillons symboliquement nos filles, je ne sais pas pourquoi.
Il me semble que pour mieux différencier le jardin féminin du masculin, il faudrait aussi regarder sa structure et la prépondérance des formes choisies : lignes droites (plutôt attribuées aux hommes), ou courbes (dites plutôt féminines). Celles qui structurent le jardin.
- Geneviève nous montre des photos du jardin d'Yves Gosse de Gore en exemple du jardin masculin : en effet, que de lignes droites (horizontales, verticales, obliques), les courbes ne se retrouvant que dans les topiaires ! Mais nous ne voyons pas si, ailleurs dans ce jardin, il y a quelque part des fleurs, des massifs de couleurs claires, des courbes...
- Les lignes courbes des bordures entourant les parterres et les massifs, adoptées partout actuellement, viennent surtout des célèbres créatrices anglo-saxonnes. La courbe serait donc le signe d'un jardin féminin ? Pourquoi pas ? Mais un jardin tout en courbes nous donnerait le tournis, heureusement qu'il y a toujours quelques arbres qui apportent en complément la ligne droite et l'oblique, sinon nous nous y sentirions très mal.
Disons qu'un jardin plutôt féminin ou anima comporterait plus de courbes et de couleurs claires, et qu'un jardin plutôt animus ou masculin plus de lignes droites structurantes et plus de tons verts ou forts ?
Cette définition ne me satisfait pas du tout ! Et vous ?
Un effort, SVP, à vos ordinateurs, ce n'est pas compliqué et c'est important pour tous
Dorothée Braun
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1 commentaire:

Duojardin a dit…

On découvre votre article avec intérêt puisque ce thème a suscité chez nous l'envie d'en faire un billet sur notre blog. On s'aperçoit qu'une question à priori anodine soulève du débat.
Nous pensons également que la question du genre globalement dans la société est en train de bouger et qu'elle fera évoluer les représentations et par là même, la représentation sexuée du jardin.